Depuis que j’ai atteint un certain niveau de CA, j’hésite à publier mes bilans et à partager mes chiffres chaque mois, alors que je le fais depuis le début.
J’avais ce débat ce week-end avec un de mes business friends. Je parle de vrai build in public, pas de success in public.
Je partage tout depuis le début, mais lui, est nuancé et sur la retenue. Donc on a eu un débat intéressant qui m’a inspiré cet article. Bien sûr, dans la deuxième partie, je te raconte mon mois d’octobre avec les chiffres. Don’t worry, je suis toujours dans le camp du build in public. Skin in the game.
Précision avant de commencer, si tu ne sais pas ce qu’est le build in public : en français, on dirait “construire en public” mais c’est pas très sexy. Il s’agit tout simplement de partager les coulisses de son aventure entrepreneuriale avec transparence dès le début, avec les hauts et (surtout) les bas.
To build in public or Not to build in public ?
C’est plus dur de build in public quand on a une audience
Je build in public mon business freelance depuis le début. J’ai publié mon premier bilan en décembre 2021, le mois où j’ai décidé que mon business était un truc sérieux. J’ai laissé derrière moi mon premier projet pour me consacrer à 100 % à la rédaction web.
Depuis, chaque mois, je partage un bilan en toute transparence sur mon état émotionnel et financier avec les détails de mon CA et de mes charges. J’essaie au maximum de mettre du contexte, de partager mes stratégies et d’expliquer pourquoi je prends telle ou telle décision.
Au début, je le faisais surtout pour moi. Car m’engager en public à publier mon bilan, m’oblige à le faire chaque mois en détail. Je ne balance pas juste 5 chiffres dans un google sheet, je me force à me remémorer ce qu’il s’est passé sur le mois, j’analyse ce qui a fonctionné ou non et comment je me suis sentie.
Je suis convaincue que mes bilans ne seraient pas autant détaillés si je les faisais juste pour moi.
Quand j’écris mon bilan, j’imagine toujours le lecteur. C’est comme raconter une histoire à un pote, on met toujours du contexte, on digresse…
Chaque mois, de plus en plus de freelances me lisent, certains sont là à chaque article et m’envoient un message pour me dire que ça les aide d’une manière ou d’une autre. J’aime tellement savoir que mes partages vous aident à avancer ! 🫶
Avec le temps, mon business s’est développé. Aujourd’hui, je réalise un CA mensuel que la majorité des freelances peinent à atteindre.
Et pour la première fois, le mois dernier, j’ai eu une appréhension avant de publier mon bilan. J’ai pensé que c’était passager. Mais ce mois-ci encore, je me surprends à me demander si je dois partager mon CA ou non.
Ça peut te paraître fou, mais en réalité, la peur du jugement est plus forte maintenant qu’elle ne l’était au début.
Au début, personne ne me connaissait, personne ne m’attendait. Tout le monde se fichait de ce que je faisais.
Désormais, environ 7 000 personnes me suivent sur LinkedIn et 800 dans ma newsletter mensuelle. C’est énorme.
Je suis “connue” dans la petite sphère de LinkedIn. J’en ai pris conscience pour la première fois en avril dernier lors d’une soirée networking. Quand je me suis présentée, plusieurs personnes, totalement inconnues, m’ont répondu “ah ouiii je te suis sur LinkedIn” ou alors “j’adore ta newsletter”.
C’était la première fois que je passais au réel avec mes abonnés (rien que d’écrire ça, j’ai l’impression de me la raconter de ouf, mais c’est pourtant la réalité et ce que je ressens). Et ça m’a frappé… Des gens lisent ce que j’écris. Des gens suivent mes aventures freelance depuis plusieurs mois.
Ce que je raconte à un impact sur de vraies personnes.
J’ai mis du temps à assumer cette posture. Et je crois que je l’ai enfin acceptée.
Mais ça veut dire plus de pression. Car justement, ce que je dis à un impact sur les gens. Donc je ne peux pas raconter n’importe quoi.
Maintenant, même si mon audience est petite par rapport à certains créateurs, elle est quand même importante et donc, des gens m’attendent.
La peur du jugement est bien présente.
J’appréhende de partager mon bilan et mon CA, car de plus en plus de personnes font des posts pour se plaindre de ceux qui partagent leurs chiffres. Ce serait malsain, ça les pousserait à se comparer et se sentir mal, car eux ne réalisent pas ces chiffres-là.
Personnellement, j’ai toujours adoré lire ce genre de bilan. Quand je me suis lancée, il y a 3 ans, je suivais J&J et Bérangère Gonzalez qui étaient les seules à faire ce genre de pratique.
Oui, la comparaison sur les réseaux peut être malsaine. Mais selon moi, c’est nous qui décidons ou pas de nous comparer. Si un contenu me dérange, je ne suis plus cette personne (c’est la magie des réseaux, on peut se désabonner !).
Je vois les build in public des autres comme un outil pour moi d’arriver au même résultat. Et d’ailleurs, aujourd’hui, je suis déçue de ne trouver que très peu de build in public pour mon prochain stade de développement…
Alors oui, ce mois-ci, j’ai réalisé un très bon CA pour une solopreneur (bien que tout soit relatif… D’autres solopreneurs font bien mieux, tu trouveras toujours mieux et moins bien que toi !).
Les prochains mois seront dans la même lignée, et j’ai prévu une année 2024 grandiose.
Je suis ambitieuse, je l’ai toujours été, même quand j’étais salariée.
En France, assumer son ambition dérange. Je me suis longtemps cachée et excusée. J’ai décidé d’assumer.
J’essaie de mettre le plus de contexte possible pour ne pas que tu penses que c’est facile de faire 10K€/mois, que c’est facile d’arriver à ce niveau de développement, que c’est facile de gérer un business…
Car la réalité, c’est que j’ai bossé pour en arriver là et je bosse encore dur. Je n’ai pas d’enfant, pas de maison, pas de poule. Mon principal focus est sur mon business. Ce ne sera peut-être pas toujours comme ça, mais pour l’instant, ce sont mes choix de vie.
Donc avant de te comparer, prends un pas de recul et regarde la vue d’ensemble.
Quand je dis “bosser dur”, ce n’est pas forcément beaucoup d’heures (bien que sur le mois d’octobre, j’ai bossé beaucoup d’heures !), c’est surtout bosser sur les bons sujets et parfois, sur les sujets qui font mal. C’est savoir se remettre en question, accepter qu’une façon de faire n’est pas la bonne, accepter de faire des tâches qui ne me plaisent pas…
Beaucoup de freelances n’acceptent pas ça. Ils se plaignent de ne pas avoir de clients, mais ils ne font rien pour aller les chercher (non, faire un joli site web, une belle bannière LinkedIn et une photo colorée ne t’aidera pas à trouver des clients).
Les inconvénients du build in public
Quand on build in public, on prend aussi le risque de fail in public.
Je n’ai pas encore été confronté à ce problème. Mais je me souviens que mon bilan d’octobre 2022 (pire mois de CA) a été douloureux à partager. Spoiler: il ne s’est rien passé.
En réalité, les gens s’en fichent. Ils lisent, puis passent à autre chose. Car comme toujours, on est tous autocentrés.
On prend aussi le risque d’être copié par les concurrents.
J’affiche mes offres et mon process clairement sur mon site web (rien à voir avec le build in public d’ailleurs). Et oui, certains ghostwriters ont allègrement copié. Mais la réalité, c’est que :
- En freelance, la concurrence n’existe pas,
- Une idée ne vaut rien, c’est l’exécution qui compte.
Les avantages du build in public
Le build in public est très aligné avec ma personnalité, car je suis très entière. Je ne sais pas faire les choses à moitié, et c’est d’ailleurs parfois un problème. Je m’investis trop. Mais c’est un sujet pour une autre fois, continuons…
Build in public m’a permis de créer une confiance très forte de mon audience. Aujourd’hui, des personnes avec qui je n’ai jamais parlé me recommandent.
Certaines personnes que je respecte dans le game de l’entrepreneuriat me disent “tu es fiable”, alors même qu’on n’a jamais bossé ensemble. Et du coup, on bosse ensemble.
J’ai attiré des opportunités que je n’aurai jamais imaginées (sponsoring de mes contenus, partenariats avec mes créateurs préférés que je pensais inatteignables il y a un an et bien sûr… des clients !).
Je me montre telle que je suis réellement. En général, les gens que je rencontre en vrai me disent que je corresponds à l’image qu’ils ont de moi à travers mes contenus. Ce qui n’est pas mon cas avec beaucoup de créateurs que j’ai rencontrés, et je trouve ça toujours dommage (parfois dans le mauvais sens pour eux d’ailleurs : ils sont beaucoup plus cools en vrai que l’image qu’ils dégagent).
All-in
Pour conclure sur le sujet, en faisant un build in public, je fais all-in. C’est ma vision.
Je comprends tout à fait que certains ne soient pas à l’aise avec l’idée. Ce qui est sûr, c’est que si tu veux build in public, il faut faire dès le début. Arriver au bout de 3 ans et dire “je fais 10K€/mois, voici comment. Je build in public”. NON. Ça, c’est success in public et c’est juste énervant.
C’est facile de prendre cette posture une fois qu’on est sorti des embûches. Ce qui est intéressant, c’est de voir le chemin dans son intégralité. Je trouve d’ailleurs plus intéressant un contenu qui nous raconte les bas que les hauts. Ce qu’on veut vraiment savoir, c’est comment s’en sortir quand on est au plus bas !
Le bilan du premier bootcamp en ghostwriting, Le Tremplin
Mon mois d’octobre a surtout été consacré à la création et l’animation de la première promo du Tremplin, mon bootcamp en ghostwriting.
Pendant 4 semaines, j’ai accompagné 10 rédacteurs web/copywriters à faire le pivot vers le ghostwriting grâce à deux axes :
- monter en compétences métier pour maîtriser LinkedIn et l’écriture pour autrui,
- monter en compétences business pour être à l’aise pour aller chercher des missions plus intéressantes et mieux rémunérées.
Cette première cohorte est un succès. J’ai adoré l’animer et les retours des participants sont pépites. Un petit exemple :
Je suis très contente de l’implication de chacun. Les sessions étaient très animées grâce à leurs questions toujours très pertinentes. On finissait d’ailleurs souvent les sessions sur des talks un peu plus ouverts. J’adore parler business, alors parfois, c’est difficile de s’arrêter…
Je retiens deux choses de ces 4 semaines :
→ ceux qui ont le plus avancé sont ceux qui sont le plus passés à l’action. Pas de secret, je le répète partout, tout le temps ;
→ mon rôle est de les faire prendre conscience de leur potentiel et de les mettre sur les rails pour avancer. Je ne peux pas faire à leur place. Parfois, c’est frustrant.
Avec les feedbacks et mon ressenti, j’ai décidé de faire la prochaine cohorte sur 6 semaines au lieu de 4 avec 2 sessions/semaine au lieu de 3.
Je réfléchis aussi aux sessions que je pourrais ajouter/modifier avec l’objectif d’améliorer l’expérience d’apprentissage pour cette seconde cohorte.
D’ailleurs, les candidatures sont ouvertes. La première place est déjà réservée (toujours 10 max), si ça vous intéresse, tous les détails sont dispo ici.
Bilan financier
Je t’ai bien teasé dans la première partie, tu dois être curieux de connaître les chiffres du mois 😁.
Comme le mois dernier, de nouveau j’insiste sur le fait que ce CA est excellent et qu’il y a un long chemin et du travail avant d’y arriver. Je t’invite à lire tous les autres bilans pour comprendre le contexte.
💰 CA : 7 632€
💸 Charges : 2 490 €
🙋♀️ Rémunération : 3 000 €
🧾 Urssaf : 1 350 €
📊 Trésorerie : + 792 €
Les stats
En octobre, j’ai été complètement sous l’eau avec le bootcamp qui m’a demandé beaucoup de travail. En plus, j’ai gaspillé mon temps et mon énergie sur des petits trucs à droite à gauche, car je ne sais pas dire non.
Mon plus gros challenge pour 2024 va être de me focus sur un ou deux projets seulement et d’apprendre à dire non !!
Étant sous l’eau, j’ai été forcée de faire sauter certains trucs, et c’est la création de contenu qui a le plus souffert… Évidemment, ça se voit dans les stats.
Sur la première partie de l’année, j’étais sur une progression mensuelle de +20 % pour les abonnés newsletter et LinkedIn. Depuis septembre, je suis sur une tendance à +5 %. Il va falloir rectifier ça.
Objectif pour la fin d’année pour la créa de contenu :
- publier tous les jours sur LinkedIn
- envoyer une newsletter/mois
- faire 1 post/semaine pour promouvoir mon lead magnet.
SIMPLE. BASIQUE.
Encore faut-il s’y plier.
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Crédit photo de Une : Moments By Marion